L’intelligence artificielle (IA) est une révolution technologique incontournable. L’émergence soudaine et la diffusion de l’IA générative marquent une étape importante de cette révolution. La simplicité d’utilisation de certains outils, la rapidité de la génération du contenu, le réalisme des textes, images et sons générés, et plus généralement les aptitudes des récents modèles d’IA souligne cette nouvelle mutation numérique.
L’Europe et la France ont des atouts pour être des acteurs de cette révolution, en premier lieu du fait de l’excellence de leurs talents. Cette richesse et le dynamisme exceptionnel de l’écosystème français dans l’IA ne doivent néanmoins pas masquer une réalité préoccupante. Depuis plusieurs décennies, la tendance est celle d’un déclassement technologique et économique du continent européen, qui hypothèque sa prospérité et son indépendance.
Propositions de leurs 6 grandes lignes d’action :
- lancer immédiatement un plan de sensibilisation et de formation de la nation : animation de débats publics en continu sur les impacts économiques et sociétaux de l’IA au plus près des lieux du quotidien, structuration de l’offre de formation d’enseignement supérieur, massification de la formation continue aux outils d’IA, intégration de l’IA comme objet et outil du dialogue social ;
- réorienter structurellement l’épargne vers l’innovation et créer, à court terme, un fonds « France & IA » de 10 Md€, pour financer l’émergence de l’écosystème d’IA et la transformation du tissu économique français ;
- faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul : approvisionnement collectif sécurisé d’ampleur nationale et européenne, appel à projets d’implantation de centres de calcul avec garantie publique d’utilisation et simplification des procédures, crédit d’impôt IA pour l’entraînement de modèles ;
- faciliter l’accès aux données : en matière de données à caractère personnel, modernisation du mandat de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et de son collège, suppression de certaines procédures d’autorisation préalable d’accès aux données de santé et réduction des délais de réponse ; en matière culturelle, mise en place de l’infrastructure technique favorisant l’entraînement des modèles d’IA dans le respect des droits de propriété intellectuelle ;
- assumer le principe d’une « exception IA » dans la recherche publique : libération des chercheurs des contraintes administratives, revalorisation de leur rémunération, doublement des moyens de la recherche publique spécialisée en IA ;
- promouvoir une gouvernance mondiale de l’IA : création d’une Organisation mondiale de l’IA pour évaluer et encadrer les systèmes d’IA, d’un Fonds international pour l’IA au service de l’intérêt général et d’un mécanisme de solidarité « 1 % IA » pour les pays en voie de développement.